Les locomotives à vapeur allemandes de la SNCF

Autant le dire tout net, je n'étais pas un grand fan, dans le domaine du modélisme, des machines allemandes siglées SNCF. Non pas que j'aie quoi que ce soit à l'encontre de leur apparence, de leur technique ou de leur pays d'origine, mais parce qu'elles ont été pendant longtemps les seules machines de la région Est que l'on puisse trouver en modèle réduit. Issues de la "francisation" plus ou moins succincte de vapeurs allemandes, ces machines étaient censées, dans les années 80, représenter le parc traction de la région Est, ce qui est bien sûr totalement erroné. Inutile de dire que mettre une 1-230G ou une 150X pour tracter une rame de voitures métalliques Est Roco ne m'enchantait guère!

En outre, à l'époque, ma culture ferroviaire se limitait à ce que je trouvais dans les revues de modélisme (donc vraiment pas grand chose...),et je pensais que des machines comme les 040D ou les 150X n'avaient roulé que sur le territoire de l'ancien réseau Alsace Lorraine, et c'est, là aussi, parfaitement faux.

Heureusement, de très nombreux livres de photos d'époque sont venus combler la pénurie d'information et démentir les généralisations hâtives et autres bêtises écrites par les journalistes ferroviaires. Ainsi ces machines Armistice ont retrouvé leur place dans le panorama de la région Est: à la fois relativement marginales dans le parc et plus largement distribuées géographiquement. J'ai ainsi trouvé une photo du dépôt de la Villette à Paris en 1959 où l'on voit clairement deux 150X relayer. Il faut donc croire que leur carrière ne s'est pas limité à la traction de trains de charbon sur l'artère Nord Est!

Une fois ces machines replacées dans leur contexte historique et géographique, j'ai pu leur donner la place qu'elles méritaient dans mon parc de traction. Et partant de là, j'ai bricolé quelques machines pour mon réseau: 

Des 150X en relais à Paris la Villette (en 1959 selon LVDR)

La 040 TX Tillig

Les 040 TX de la SNCF sont des machines de conception allemande, d'un modèle de guerre unifié (ELNA 6) destinées à la manoeuvre, et qui étaient en cours de construction dans les usines Schneider à la Libération. La SNCF a réceptionné 67 de ces machines, Schneider en conservant 3 pour ses propres besoins. 

C'est donc une série de machines relativement importante, et elle a été réparti entre les régions de l'Ouest , de l'Est et du Sud Ouest de la SNCF. 
Ces locomotives ont effectué leur carrière à la manœuvre mais certaines ont aussi fait de la ligne et assuré la traction de trains de travaux. 

Le modèle Tillig:  La marque a proposé début 2020 un modèle assez convaincant de cette machine en se basant, bien entendu, sur la version allemande mais en l'assortissant de nombreuses pièces spécifiques à la version française: forme de la hotte, équipement de chaudière, doseur TIA, livrée.

L'aspect général de la machine est très bon avec en particulier des roues plutôt fines (ce n'était pas gagné pour des roues de petit diamètre) et un embiellage ultra fin (mais aussi ultra fragile, j'en ai fait l'expérience). 

Pour autant, le modèle peut être amélioré sur plusieurs points pour le rendre plus conforme à la version française de ces locomotives:

• changement des plateaux de tampons allemands
• ajout des tuyauteries du TIA
• amélioration de l'aspect de la cabine
  • débord avant du haut de la cabine
  • peinture des vitrages très visibles à l'intérieur
  • ajout d'une devanture de foyer
  • ajout d'un chauffeur en cabine
• remplacement des soupapes par des soupapes Coale REE
• mise en peinture des ajourages des traverses de choc et des boisseaux de tampons
• masticage du joint présent sur la boite à fumée
• ajout d'une bande rivetée sur le pourtour de la caisse à eau (qui est dans le châssis de la machine sur cette série de locomotives
• patine générale
• ajout de charbon dans la hotte

J'ai donc procédé à toutes ces opérations. Il aurait certainement été nécessaire aussi de revoir les marchepieds de cabine qui sont trop courts mais je ne vois pas trop comment faire à défaut de pièce de remplacement...

La 230 F 694 Fleischmann:

Nouvelle venue dans ma cavalerie vapeur d'origine germanique: une 230 F avec tender baignoire de la marque Fleischmann. Je suis tombé sur une photo de cette machine dans le Tome XXII d'Images de trains, consacré à la "Vapeur sur la région Est". Une seule des 230 F de la SNCF a reçu ce tender, cela en fait un oiseau rare. Avec opportunité Fleischmann a donc reproduit ce modèle avec goût (même si le modèle comporte des approximations comme la chaudière à deux dômes).
C'est un beau modèle finement reproduit et plutôt récent dans la gamme. Je pense que mon intervention sur cette machine se limitera à réduire la hauteur des boudins du bogie avant de la loco. 

Une 150X Roco avec un réchauffeur ACFI:

Avec leur réchauffeur ACFI et leurs plaques unifiées, ces 150X sont certainement les plus françaises de ces machines allemandes: elles ont été fabriquées en France par Schneider après la guerre sur les plans de la BR44 de la Deutsche Reichsbahn, contrairement à d'autres machines qui ont été récupérées lors de la retraite de la Wehrmacht.

Cette troisième 150X Roco de mon parc, "customisée", est maintenant terminée (ou presque: il me manque certaines pièces de détaillage comme une échelle de tender ou les contre tiges de pistons). La livrée verte est plutôt flatteuse, il faudra quand même la ternir un peu avec une patine ad hoc....

Les transformations:

-remplacement des essieux du tender par des essieux à rayons

-retrait des écrans et du tablier avant

-retrait de la pompe Knorr (?) à l'avant gauche

-modification de l'avant de la chaudière

-pose d'une pompe ACFI et de ses tuyauteries

-suppression du déflecteur de toiture à l'arrière de la cabine

-pose d'un marchepied et de lanternes françaises unifiées sur la traverse avant

-remise en peinture, ré-immatriculation

Une 040D Est Fleischmann:

Une belle machine qui a juste reçu un arceau de gabarit sur le tender pour la rendre plus typique de la région Est.

Une 040 D de l'Est avec réchauffeur ACFI

Une 1-050B avec ACFI de la région Est,

sur la base de la 050B PLM Roco, avec une remise en peinture et un détaillage.

-pose d'un réchauffeur ACFI (ballonnets, pompe et tuyauteries)

-remplacement de la pompe à air par une bi-compound

-remplacement des lanternes de la machine

-mise en peinture et pose de marquages

 

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La 150X Roco:

• Je dispose de deux modèles de cette machine. La première est quasiment en état "sortie de boite" et a conservé ses écrans. J'ai juste remplacé les plaques d'immatriculation en plastique moulé, épaisses comme des plaques de blindage de Panzer.

• La deuxième machine a eu un destin plus funeste: elle est longtemps restée en boîte, et je me suis aperçu à son retour dans la lumière que son tender était affecté de la maladie du zamac.

• J'ai donc commencé par quelques bricolages sur la machine orpheline de tender:

-retrait du tablier avant

-démontage des écrans

-remplacement des plaques d'immatriculation (avec rebouchage des fentes sur la cabine)

-suppression du déflecteur de toiture

-remplacement des lanternes de la machine par des phares unifiés (non fonctionnels)

• On passe maintenant au tender, et c'est plus cossu: Pour ce qui est de son apparence, la 150X Roco ne perdrait pas au change avec le tender 34X Jouef: il est plus conforme et plus réussi que celui de Roco. Pour ce qui concerne la motorisation, c'est une autre chanson...
• Le principal défaut d'aspect qu'a le tender Jouef, ce sont ses roues, mais elles sont absolument affreuses: non seulement elles n'ont pas de rayons et ça crève les yeux, mais elles sont affublées de boudins de roues monstrueux. Il faut donc les remplacer: facile avec des roues à rayons Romford.

• On passe ensuite à la motorisation: en remplaçant le moteur Jouef (l'inénarrable tourne-broche!!) on perd l'entraxe des engrenages de la transmission: je les ai remplacés par une transmission par poulie. Sur la 150X Roco, le timon d'attelage tender-loco assure aussi la transmission du courant des roues de la loco au tender. Je l'ai donc conservé et j'ai adapté la traverse avant du tender pour permettre l'accouplement:

• La prise de courant ne devrait pas poser de problèmes. Là où cela coince vraiment, c'est qu'avec un chassis et une caisse en plastique, et malgré le lest en plomb de Jouef (qui met le centre de gravité du tender très haut...) ce tender est beaucoup trop léger.  Et ce qui n'arrange rien par rapport au Roco, c'est que seul un bogie du Jouef est moteur... Du coup, le tender ainsi transformé a du mal à pousser la machine Roco: pour les trains de minerai, ce n'est pas gagné...

• Finalement, la motorisation du tender Jouef est vraiment trop légère pour pousser la machine Roco ... et a fortiori tirer un train. Et comme j'ai fini par trouver un chassis de tender Roco d'un type approchant, j'ai réhabilité le tender d'origine auquel j'ai quand même dû ajouter des marchepieds (pièces en bronze de chez Mecanic Train). Il reste à mettre un peu de charbon dans la hotte et à ajouter un marchepied sur le tablier avant...

Les deux 150X Roco: avec écrans et sans écrans pare-fumée

La 141 TA 501 Roco:

Elle est restée plus de 20 ans dans sa boîte avant que je ne m'intéresse à nouveau à elle... Il faut dire qu'avec ses roues brillantes, ses lanternes germaniques proéminentes et les horribles plaques noires rapportées pour ses marquages de cabine, elle n'avait rien pour elle...

Et puis, l'expérience plutôt réussie des autres machines "Armistice" m'a donné envie de lui redonner une apparence un peu plus réaliste.

Dans la liste des détails à changer:

-les lanternes avant et arrière très proéminentes (à cause du conduit de lumière)

-le circuit imprimé qui trône au milieu de la cabine, visible quel que soit l'angle de vue sur la machine

-les fenêtres de cabine partiellement bouchées

-les marquages de cabine sur plaque rapportée de 1mm d'épaisseur!

-les roues bien clinquantes

-quelques tuyauteries avec des tenons bien visibles

-des trous dans la chaudière et la cabine laissés par les pièces non montées sur cette version (déflecteurs vitrés de cabine etc...)

-une déco peu flatteuse avec une traverse de choc arrière teinté en rouge dans la masse...

Finalement, après avoir viré les lanternes avant, j'ai décidé de supprimer carrément le circuit imprimé qui ne sert pratiquement qu'à gérer l'éclairage. Les fentes latérales dans la cabine ont été rebouchées, la machine a été repeinte et a reçu de nouveaux marquages.

Il faudra aussi que j'intercale une plaque entre le tablier et la traverse de choc avant, la conception de la machine (chassis articulé pour passer sur des courbes "circuit 24") laissant un jour entre les deux...

La 150 C HornbyJouef:

Ce modèle m'a réconcilié avec les G12 (type de cette machine à la DRG). J'avais possédé sans enthousiasme ce modèle reproduit par Roco avec une "francisation" assez limitée. Je l'ai échangée avec plaisir contre cet exceptionnel modèle de HJ (parce que destiné au marché allemand?) 

Les roues (le premier élément que je regarde sur une vapeur), la déco, le détaillage, tout est très beau...  

La 150 Z Roco:

Les 150 Z sont une série marginale au sein de la famille des machines allemandes de la SNCF. Toutes ces machines, immatriculées hors inventaire, ont été récupérées à la suite de leur abandon sur le territoire national lors de la retraite de l'armée allemande. Cette série est la version "de paix" des 150 Y, locomotives simplifiées construites pour les besoins de la guerre. J'espère d'ailleurs trouver une 150Y Roco récemment sortie pour compléter (et finaliser?) mon parc de machines allemandes.  

Ma 150 Z Roco, achetée d'occasion en assez piètre état, a subi un nettoyage en règle (elle était couverte de crasse...) a reçu un nouvel attelage à vis sur la traverse avant et un peu de charbon pilé sur la hotte du tender. Il me manque encore certaines pièces de détaillage sur le tender (échelle, main montoire) pour terminer la restauration de cette machine. 

Cette machine est équipée d'une motorisation dans le tender avec transmission à la locomotive par cardan: c'est très bien conçu, cela ne gène pas le découplage du tender et ça tracte fort: impressionnant!!